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AU CAUCASE

avec gravité. Des voitures, lourdement chargées et attelées de trois chevaux, se traînaient pas à pas, soulevant une poussière qui planait, immobile.

Les officiers chevauchaient en avant. Quelques-uns faisaient les braves, c’est-à-dire qu’ils fouettaient leurs chevaux, les lançaient au galop et les arrêtaient net, tout en tournant la tête. D’autres avaient l’œil aux chanteurs qui, malgré la chaleur étouffante, ne cessaient de chanter un refrain après l’autre.

Une centaine de sagènes en avant du détachement, caracolait, accompagné de Tartares, un grand et bel officier en uniforme asiatique. Il passait, dans le régiment, pour un brave à toute épreuve, disant hardiment son fait à chacun. Son costume, son attitude, ses moindres mouvements trahissaient chez