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UNE COUPE EN FORÊT

Je refermai les paupières et, remettant en place sur moi la schouba, d’un mouvement inconscient, je me rendormis.

— Daignez vous lever ! répéta Dmitri en me secouant sans pitié par l’épaule. La colonne se met en marche.

Je revins brusquement à la réalité. Je tressaillis et me dressai aussitôt sur mes jambes. Après avoir bu rapidement un verre de thé et fait ma toilette à l’eau glacée, je sortis de ma tente et me rendis au parc.

Il faisait noir, brumeux et froid. Les feux de nuit qui brillaient çà et là dans le camp, éclairant les silhouettes des soldats endormis, rendaient, par leurs lueurs rougeâtres et troubles, l’obscurité plus épaisse encore. Tout près s’entendait un ronflement cadencé et paisible ; au loin, c’étaient des mouvements,