Page:Tolstoï - Carnet du Soldat, trad. Bienstock.djvu/41

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conséquent, d’un manque complet de conviction.

Tels sont chez nous, en Russie, tous les raisonnements sur ce sujet, des Khomiakov, des Samarine, des Aksakov et des autres, et du même défaut souffre le discours de M. Stakhovitch.


IV


Ainsi lorsqu’on demande : Comment l’Église, qui se définit une société d’hommes dont le but est de propager la vérité et qui n’a et ne peut avoir aucune arme de violence, peut-elle cependant employer la violence contre la doctrine religieuse qui n’est pas d’accord avec elle ? la réponse à cette question est celle-ci : l’institution qui s’appelle l’Église chrétienne n’est pas une institution chrétienne, mais une institution humaine qui ne concorde pas avec le christianisme et lui est plutôt hostile.

Quand cette pensée me vint pour la première fois, je n’y crus pas, car, dès l’enfance, on nous inculque profondément la vénération pour la sainteté de l’Église. Au commencement, je pensais que c’était un paradoxe, que dans cette définition de l’Église, il y avait une erreur. Mais plus j’examinais cette question sous divers aspects, plus il devenait pour moi indiscutable que la définition de l’Église, comme institution non chrétienne mais hostile au christianisme, est une définition tout à fait exacte et en dehors de laquelle il est impossible de s’expliquer toutes les contradictions qui