Page:Tolstoï - Conseils aux dirigés.djvu/176

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victimes n’ont pas mérité leur sort. Si Alexandre II ou Humbert n’ont pas mérité d’être assassinés, les milliers de Russes qui ont péri sous Plevna, et d’Italiens en Abyssinie, l’avaient encore moins mérité. Ces assassinats sont effrayants, non par le fait qu’ils sont cruels et immérités, mais par l’insanité de ceux qui les commettent. Si les meurtriers des souverains agissent sous l’influence d’une indignation personnelle, provoquée par les souffrances d’un peuple opprimé, ce dont ils jugent coupables un Alexandre, un Carnot, ou un Humbert, ou s’ils agissent par un sentiment de vengeance, leurs actes, pour si immoraux qu’ils soient, sont compréhensibles.

Mais une question se pose : comment les anarchistes, — c’est-à-dire ce groupe d’hommes organisé qui, dit-on, a délégué Bresci et qui menace aujourd’hui un autre souverain, — ne peuvent-ils inventer, pour améliorer le sort des peuples, rien de mieux que la destruction d’hommes dont la disparition est aussi vaine que si l’on coupait la tête à ce monstre fabuleux chez qui une