Page:Tolstoï - Contes et fables, 1888.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

est-ce que je ne t’ai pas fait l’aumône ?

— Tu m’as bien fait l’aumône, reprit le mendiant, mais fais-moi encore la grâce de m’emmener sur ton cheval jusqu’à la place de la ville, car les chameaux et les chevaux pourraient m’écraser.

Baouakas prit en croupe le mendiant, et ils arrivèrent ainsi sur la place.

Là, il arrêta son cheval, mais le mendiant ne descendit pas.

— Pourquoi restes-tu là ? lui demanda l’émir ; descends, nous sommes arrivés.

— Et pourquoi descendrais-je ? reprit le mendiant, ce cheval est à moi. Si tu ne veux pas me le laisser de plein gré, allons trouver le juge.

La foule se formait autour d’eux ; on écoutait leur discussion.

— Allez chez le juge ! leur criait-on, il vous mettra d’accord.