Page:Tolstoï - Contes et fables, 1888.djvu/225

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vaillait, travaillait toujours, et au lieu d’avoir froid, il avait chaud. Je vis, soudain, qu’il ôtait son kaftan ; je m’en réjouis : « Attends donc, c’est maintenant, murmurai-je, que je vais te montrer qui je suis ! » Son kaftan était tout humide, je m’y précipitai et je le glaçai à tel point qu’il devint dur comme la pierre : « Mets-le donc un peu. » Quand le moujik eut fini son travail, il s’approcha de son kaftan ; mon cœur tressaillit de joie : « Ah ! comme je vais m’amuser ! » Le moujik regarda le kaftan, et se mit de nouveau à m’injurier. « Injurie, pensai-je, injurie-moi, tu n’arriveras pas à m’en faire sortir. » Alors, il choisit un gros bâton noueux, et se mit alors à frapper son kaftan, à bras raccourci. Il frappe et m’injurie toujours. J’aurais dû me sauver, mais j’étais si bien pris dans la peau de laine que je ne pou-