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de la vie


Et cela est si visible, si clair, que tout homme qui pense, jeune ou vieux, instruit ou ignorant doit le savoir. Ce raisonnement est si simple, si naturel, qu’il vient à l’esprit de chaque homme intelligent, et l’humanité l’a connu depuis les temps les plus reculés.

La vie de l’homme, en tant qu’individualité, n’aspirant qu’à son propre bien parmi le nombre infini des individualités semblables se détruisant les unes les autres et s’anéantissant elles-mêmes, cette vie est un mal et un non-sens, et la vraie vie ne peut être telle.

Dès les temps les plus anciens, l’homme s’est dit cela et les sages de l’Inde, de la Chine, de l’Égypte, de la Grèce et d’Israël se sont exprimés sur cette contradiction intrinsèque de la vie de la manière la plus claire et la plus intelligible. Dès la plus haute antiquité, l’esprit humain s’est ingénié à connaître pour l’homme un bien de telle nature que, ni la lutte des êtres entre eux, ni les souffrances, ni la mort ne le pussent détruire. C’est dans la mise en évidence de plus en plus nette