Page:Tolstoï - De la vie.djvu/57

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ce qu’on en voit, c’est-à-dire par l’existence animale, se met à étudier ces manifestations visibles, tout d’abord dans l’homme en tant qu’animal, puis, dans les animaux en général, dans les plantes, enfin dans la matière, soutenant constamment avec cela que c’est la vie elle-même qu’on étudie, et non quelques-unes seulement de ses manifestations.

Les observations sont si compliquées, si variées, si embrouillées, il faut leur sacrifier tant d’efforts et de temps, que les gens oublient peu à peu l’erreur primordiale qui a consisté à prendre une partie de l’objet pour l’objet lui-même et, en fin de compte, ils se convainquent complètement que l’étude des propriétés visibles de la matière, des plantes et des animaux est l’étude de la vie elle-même, de cette vie que l’homme ne reconnaît que dans sa conscience.

    C’est ainsi que la vraie science considère son objet, et cette science n’a jamais eu l’influence pernicieuse et abrutissante qu’a eue la fausse science. Mais ce n’est pas ainsi qu’il envisage son objet, le philosophisme scientifique : matière, forces, vie, nous étudions tout cela, et du moment que nous l’étudions, nous pouvons bien connaître son essence.