Page:Tolstoï - De la vie.djvu/62

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de sa personnalité. Toutes les connaissances qu’acquiert le riche dans les sciences et dans les arts, en dépit de tous les grands mots sur l’importance de la science et des arts, ne lui sont nécessaires que pour vaincre l’ennui et passer agréablement son temps. Plus ils vivent l’un et l’autre, plus fortement ils s’imprègnent des idées des gens du monde. Ils se marient, se créent une famille et l’avidité qu’ils mettent à acquérir les biens de la vie animale va en grandissant, justifiée qu’elle est par la famille même. La lutte avec les autres devient plus implacable et l’habitude s’établit de vivre seulement pour le bien de l’individualité.

Si dans l’esprit de l’un ou de l’autre, pauvre ou riche, il s’élève un doute sur le sens raisonnable d’une telle vie, si l’un ou l’autre se pose la question : pourquoi cette lutte sans but pour mon existence qui se continuera dans mes enfants, ou pourquoi cette poursuite décevante de jouissances, qui se termineront par des souffrances aussi bien pour moi que pour mes enfants ? alors il n’y a presque pas de probabi-