Aller au contenu

Page:Tolstoï - De la vie.djvu/74

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dente à la majorité des hommes, où il n’y a plus que les gens écrasés par la nécessité ou abrutis par une vie voluptueuse, qui puissent encore exister sans sentir l’absurdité et la misère de leur existence.

Les hommes s’éveillent de plus en plus fréquemment à la voix de la conscience réfléchie ; ils ressuscitent dans leurs sépulcres, et la contradiction essentielle de la vie humaine, malgré tous les efforts des hommes pour la cacher à leurs regards, se manifeste à la majeure partie de l’humanité avec une force et une clarté terribles.

« Toute ma vie est la recherche de mon propre bien, se dit l’homme à son réveil, or ma raison me dit que ce bien ne peut exister pour moi et que, quoi que je fasse, quoi que j’obtienne, tout finira de la même manière par les souffrances, la mort et la destruction. Je veux le bien, je veux la vie, je veux ce qui est raisonnable, et je ne trouve au-dedans de moi et dans tout ce qui m’entoure que le mal, la mort, le non-sens. Que devenir ? Comment vivre ? Que faire ? »