donne de vivre. Mais l’autre moi, sa raison, lui dit : « Il est impossible de vivre. »
L’homme sent qu’il s’est dédoublé, et ce dédoublement déchire douloureusement son âme. Et sa raison lui semble la cause de ce dédoublement et de cette souffrance.
La raison, cette faculté supérieure de l’homme indispensable à sa vie, qui lui donne à lui, créature nue et sans secours au milieu des forces destructives de la nature, des moyens d’existence et de jouissance, c’est précisément cette faculté qui empoisonne sa vie.
Dans tout le monde qui l’entoure, parmi les êtres vivants, les facultés qui sont propres à ces êtres leur sont indispensables, sont communes à tous et contribuent à leur bonheur. Les plantes, les insectes, les animaux, en se soumettant aux lois qui leur sont propres, vivent d’une vie heureuse, joyeuse et calme. Et voilà que, dans l’homme, cette faculté supérieure, propre à sa nature, produit en lui un état si douloureux que souvent (de plus en plus fréquemment de notre temps) il tranche