Page:Tolstoï - De la vie.djvu/90

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d’abord et revient à son bien individuel. Cependant la conscience réfléchie, qui lui fait entrevoir vaguement son bien, lui montre d’une manière si évidente et si persuasive l’impossibilité d’acquérir le bien individuel, que l’homme y renonce encore et regarde derechef ce nouveau bien qui lui est désigné. Il n’aperçoit pas encore ce bien raisonnable, mais le bien individuel est si complètement détruit qu’il voit l’impossibilité où il est de continuer à vivre de son existence individuelle et il commence à s’établir en lui un rapport nouveau entre sa conscience réfléchie et sa conscience animale.

L’homme commence à naître à la vraie vie humaine. Il arrive alors quelque chose d’analogue à ce qui a lieu à chaque naissance dans le monde matériel. Le fruit naît non point parce qu’il veut naître, parce que cela lui plaît ou bien parce qu’il sait qu’il est bon de naître, mais parce qu’il est parvenu à maturité et qu’il ne peut plus continuer son existence d’autrefois ; il doit suivre le cours de sa vie nouvelle, non point que cette vie l’appelle,