Page:Tolstoï - Dernières Paroles.djvu/126

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s’éveillent à cette contemplation supérieure de la vie révélée par le christianisme il y a mille neuf cents ans, qui nous appelle de tous côtés, et, momentanément, disparaîtra tout ce qui est si terrible, et, comme il arrive au réveil d’un cauchemar, l’âme, à la conscience de ce qui est, deviendra joyeuse et il lui sera même difficile de comprendre comment pareille insanité pouvait venir en rêve.

Il suffit de s’éveiller pour un moment de cet étourdissement perpétuel dans lequel le Gouvernement tâche de nous entretenir, il suffit d’envisager ce que nous faisons du point de vue de ces mêmes exigences morales que nous demandons des enfants, et même des animaux, en leur défendant de se battre, pour être horrifiés de toute l’évidence de la contradiction dans laquelle nous vivons. Il faut seulement que l’homme s’éveille de l’hypnose de l’imitation où il vit et qu’il regarde sobrement ce que l’État exige de lui pour que, non seulement, il refuse d’obéir, mais éprouve un étonnement et une indignation indicibles qu’on ose lui poser de pareilles exigences.

Et cet éveil peut se produire d’un moment à l’autre.