Page:Tolstoï - Hadji Mourad et autres contes.djvu/33

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Vassilievna en souriant. — Vous voyez, je vous l’avais dit, s’adressa-t-elle à Poltoradski.

— Vous m’aviez dit juste le contraire, remarqua Poltoradski en souriant.

— Est-ce que je n’avais pas dit cela ? fit-elle et sourit aussi.

Et ce sourire de retour avait tellement ému et réjoui Poltoradski, qu’il devint tout rouge et, saisissant les cartes, se mit à les battre.

— Ce n’est pas à toi de donner, dit sévèrement l’aide de camp, et prenant les cartes dans sa main blanche ornée de bagues, il se mit à les distribuer, comme s’il avait hâte de s’en débarrasser au plus vite.

Le valet de chambre du prince entra au salon, et annonça que le soldat de service demandait le prince.

— Excusez-moi, messieurs, dit le prince, en russe avec l’accent anglais. — Marie, veux-tu prendre ma place ?

— Vous consentez ? demanda la princesse, se levant de toute sa haute taille en faisant froufrouter sa robe de soie et souriant de son sourire brillant de femme heureuse.

— Je consens toujours à tout, dit l’aide de camp, très content d’avoir pour adversaire la princesse qui n’avait aucune idée du jeu. Quant à Poltoradski, il écarta seulement les bras en souriant.

Le rob touchait à sa fin quand le prince retourna au salon. Il paraissait particulièrement excité, gai.