Page:Tolstoï - Hadji Mourad et autres contes.djvu/60

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’interprète traduisit, et aussitôt Hadji Mourad répondit qu’il ne lui fallait rien et demandait seulement qu’on veuille le conduire dans un endroit où il pourrait prier.

Vorontzoff appela son valet de chambre et lui ordonna de se mettre à la disposition de Hadji Mourad. Dès que celui-ci se trouva seul dans la chambre qui lui était destinée, son visage soudain se transforma : l’expression de plaisir, tantôt tendre, tantôt solennelle, disparut et fit place à une expression soucieuse. L’accueil de Vorontzoff était beaucoup meilleur qu’il ne l’avait espéré, et il avait confiance en lui et en ses officiers ; cependant il craignait tout : qu’on ne l’emprisonnât, lui mît les fers, le déportât en Sibérie, ou tout simplement qu’on le tuât. Aussi se tenait-il sur ses gardes.

Il demanda à Eldar, qui vint le trouver, où l’on avait placé les murides, où étaient les chevaux et si on ne leur avait pas pris leurs armes.

Eldar lui fit savoir que les chevaux étaient dans l’écurie du prince, que les murides logeaient dans la grange, qu’on leur avait laissé leurs armes, et que l’interprète les régalait de thé et de victuailles.

Hadji Mourad, étonné, hochait la tête. Il se dévêtit et se mit à prier. Ses prières terminées, il ordonna de lui apporter son poignard d’argent, s’habilla, mit sa ceinture et s’assit sur le divan attendant les événements.

À quatre heures on vint le chercher pour dîner avec le prince. Pendant le repas Hadji Mourad ne