Page:Tolstoï - Hadji Mourad et autres contes.djvu/61

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mangea rien, sauf du pilau dont il se servit en prenant juste à cet endroit du plat où s’était servie Marie Vassilievna.

— Il a peur que nous l’empoisonnions, dit Marie Vassilievna à son mari. Il a pris juste où je venais de prendre. Et, aussitôt, s’adressant à Hadji Mourad par l’interprète, elle lui demanda à quelle heure il prierait de nouveau.

Hadji Mourad leva cinq doigts et montra le soleil.

— Alors c’est bientôt, dit Vorontzoff. Il tira son chronomètre, et appuya sur le ressort. La montre sonna quatre heures et le quart.

Hadji Mourad, visiblement étonné de ce son, demanda de faire sonner encore et regarda la montre.

— Voilà l’occasion, donnez-lui la montre, dit Marie Vassilievna à son mari.

Vorontzoff offrit aussitôt la montre à Hadji Mourad. Celui-ci porta la main à sa poitrine et prit la montre. Plusieurs fois il pressa le ressort, écouta et hocha approbativement la tête.

Après le dîner on annonça au prince l’arrivée de l’aide de camp de Meller Zakomelski.

L’aide de camp venait dire au prince que le général, ayant appris le ralliement de Hadji Mourad, était très mécontent de n’en point avoir été informé, et qu’il exigeait que Hadji Mourad lui fut immédiatement amené.

Vorontzoff répondit que l’ordre du général allait être exécuté, et, par l’interprète, il prévint