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Page:Tolstoï - Hadji Mourad et autres contes.djvu/63

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informé du désir de Hadji Mourad de se rendre à moi, répondit Vorontzoff pâle d’émotion, attendant quelque grossièreté de la part du général furieux et gagné lui aussi par sa colère.

— Je vous demande pourquoi vous ne m’avez pas informé ?

— J’avais l’intention de le faire, baron, mais…

— Pour vous, je ne suis pas baron, mais Excellence, — et, tout d’un coup, l’irritation du baron, si longtemps contenue, s’épancha. Il déversa tout ce qu’il avait sur le cœur.

— Je ne sers pas depuis vingt-sept ans mon empereur pour que des hommes qui ne sont que d’hier au service, profitant de leurs relations et de leur parenté, disposent sous mon nez de ce qui ne les regarde pas.

— Excellence, je vous prie de ne pas dire ce qui n’est pas juste, l’interrompit Vorontzoff.

— Je dis la vérité et ne permettrai pas… reprit le général de plus en plus irrité.

À ce moment avec un froufrou de jupes entra Marie Vassilievna suivie d’une dame de taille moyenne, à la mise modeste, la femme de Meller Zakomelski.

— Je vous en prie, baron, Simon n’a point voulu vous être désagréable, dit Marie Vassilievna,

— Mais, princesse, je ne dis pas cela.

— Eh bien, tenez, laissez donc tout cela. Une mauvaise paix vaut mieux qu’une bonne querelle. Qu’est-ce que je dis ! Elle se mit à rire.