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VII

Avdéieff blessé avait été transporté à l’hôpital aménagé dans une petite maison, couverte de planches minces, à la sortie de la forteresse, et on l’avait fait coucher dans la salle commune, sur un des lits vides. Dans la salle il y avait quatre malades : l’un était atteint de la fièvre typhoïde ; un autre pâle, les yeux cernés, tout fiévreux, ne cessait de bâiller ; les deux autres avaient été blessés trois semaines auparavant dans une rencontre, l’un au poignet, il était debout, l’autre à l’épaule, celui-ci était assis sur sa couchette. Tous, sauf le malade atteint de la fièvre typhoïde, entouraient le nouveau venu et interrogeaient ceux qui l’apportaient.

— Des fois on lance les balles comme des pois, et rien, et cette fois on n’a tiré que cinq coups, racontait l’un des porteurs.

— Oui, chacun sa destinée.

— Oh ! oh ! gémit Avdéieff, en s’efforçant de ne pas crier pendant qu’on l’installait sur la couchette. Quand il fut étendu, il fronça les sourcils, cessa de gémir mais se mit à agiter les pieds. Il tenait les mains sur sa blessure et, immobile, regardait devant soi. Le docteur vint et ordonna de re-