qui était venu se plaindre d’un officier de police ; et, après lui, l’aide de camp appela Hadji Mourad et le fit passer dans le cabinet du prince.
Vorontzoff reçut Hadji Mourad debout près de la table. Le vieux visage blanc du général en chef n’était pas souriant comme la veille, mais plutôt sévère et solennel.
En entrant dans cette énorme pièce, avec une grande table, de larges fenêtres aux jalousies vertes, Hadji Mourad porta à sa poitrine ses mains petites, brunies, et, sans se hâter, distinctement, respectueusement, les yeux baissés, il prononça un salut, en idiome koumik, qu’il parlait très bien.
— Je me mets sous la protection du grand tzar et sous la vôtre. Je promets de servir fidèlement, jusqu’à la dernière goutte de mon sang, le tzar blanc, et j’espère être utile à la guerre contre Schamyl, mon ennemi et le vôtre.
Après avoir écouté l’interprète, Vorontzoff regarda Hadji Mourad, et Hadji Mourad fixa les yeux sur le visage de Vorontzoff. Leurs regards se rencontrèrent et se dirent mutuellement beaucoup de choses non exprimées par la parole et tout autres que celles répétées par l’interprète. Sans paroles leurs yeux se disaient toute la vérité. Les yeux de Vorontzoff disaient qu’il ne croyait pas un seul mot de tout ce que lui exprimait Hadji Mourad, qu’il le savait l’ennemi de tout ce qui est russe, qu’il le demeurerait toujours et qu’il ne se soumettait maintenant que parce qu’il y était forcé. Et Hadji Mourad le com-