Page:Tolstoï - Histoire d’un pauvre homme.djvu/113

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elle retourna sur la couchette, posant avec précaution ses pieds nus sur le sol.

Derrière la cloison tout était silence. La montre minuscule qui pendait à son cou marquait deux heures. Il ne restait plus qu’une heure, car ses compagnons avaient promis de venir la chercher vers les trois heures.

— Je vais donc rester ici toute seule. C’est inconcevable. Je ne veux pas. Je vais l’appeler.

Elle se mit à crier :

— Père Serge, père Serge ! Serge Dimitrievitch ! Prince Kassatski !

Rien ne remua derrière la cloison.

— Écoutez-moi, c’est cruel ce que vous faites-là. Je ne vous aurais pas appelé si je n’avais pas besoin de vous. Je suis malade et ne sais ce que j’ai, disait-elle d’une voix plaintive. Oh, oh ! gémit-elle, tombant de tout son long sur la couchette.

Chose étrange, elle se sentait réellement défaillir. Elle souffrait de partout, un tremblement fiévreux l’agitait.

— Écoutez ! Secourez-moi ! Je ne sais pas ce que j’ai ! Oh ! oh !

D’un geste rapide, elle dégrafa sa robe, découvrit sa poitrine et jeta en arrière ses bras nus.

Pendant ce temps, l’ermite se tenait en prière. Toutes ses oraisons épuisées, il regardait fixement devant lui et, cherchant à inventer une prière ; il répétait mentalement : « Seigneur Jésus, fils de Dieu, ayez pitié de moi ! »

Mais il avait tout entendu : le bruissement de la robe de soie qui tombait ; les pas légers des pieds nus sur le plancher ; le frottement de la main sur