Page:Tolstoï - Histoire d’un pauvre homme.djvu/115

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seconde phalange, la trancha. Le doigt partit plus facilement que ne partaient les branches de la même épaisseur. Il sauta, tomba d’abord sur le bord du billot, puis ensuite par terre.

Le bruit parvint à ses oreilles avant même qu’il eût perçu la douleur. Il eut même le temps de s’étonner de son absence avant que de la ressentir et de voir un jet de sang inonder le billot. Vivement, de sa robe, il envelopa le membre mutilé et, entrant dans la chambre, s’arrêta devant la femme.

— Que désirez-vous ? demanda-t-il, les yeux baissés.

Elle jeta un regard sur son visage pâli dont la joue gauche tremblait, et elle eut honte. Maintenant debout, saisissant sa pelisse, elle s’emmitoufla.

— J’avais mal… Un refroidissement. Je… Je.., Père Serge…

Les yeux de l’ermite, tout brillants d’une lueur joyeuse, se fixaient sur elle.

— Chère sœur, pourquoi as-tu voulu perdre mon âme immortelle ? Les tentations doivent entrer dans le monde ; mais malheur à qui les provoque. Prie Dieu pour qu’il nous pardonne.

Tout yeux et tout oreilles, elle entendit soudain des gouttes tomber sur le plancher. Un regard rapide lui montra le sang qui coulait au long de la robe de l’ermite.

— Qu’avez-vous fait à votre main ?

Elle se souvint du bruit qu’elle avait entendu et, saisissant la veilleuse, elle courut vers l’entrée. Le doigt sanglant gisait à terre. Plus pâle que l’ermite, elle revint pour lui parler, mais déjà il était entré dans le réduit, fermant la porte derrière lui.