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Page:Tolstoï - Histoire d’un pauvre homme.djvu/119

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IV


Depuis plusieurs semaines, l’ermite vivait avec une pensée qui ne le quittait plus. Était-ce juste d’accepter cette situation dans laquelle il s’était trouvé, non par sa propre initiative, mais par celle du supérieur et de l’archimandrite. Ces doutes étaient venus dès la première guérison, celle de l’enfant. Et depuis, de jour en jour, il savait que sa vie extérieure se développait au détriment de sa vie intérieure. On eût dit qu’on le retournait.

Serge voyait qu’il était devenu un moyen pour attirer au couvent visiteurs et donateurs. Il constatait que les autorités monacales le plaçaient dans des conditions telles qu’elles favorisaient un rendement utilitaire. Par exemple, on ne lui donnait plus les moyens de travailler, en lui demandant, par contre, de ne pas épargner ses bénédictions aux visiteurs qui venaient le trouver.

On fixa donc les jours de réception et on construisit une salle à cette seule fin. Les femmes qui se précipitaient à ses pieds étaient contenues par une barrière afin qu’elles ne s’approchassent point trop près de lui.