Page:Tolstoï - Histoire d’un pauvre homme.djvu/190

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

cet égoïsme qui, pour améliorer sa condition, attirait une jeune fille riche et l’obligeait à partager son malheur. Albine entra en grande fureur et répondit à sa belle-mère qu’elle était la seule qui osât prêter des pensées aussi lâches à un homme qui avait tout sacrifié pour sa patrie ; que bien au contraire Migourski avait refusé toute offre de sa part et que sa volonté était bien arrêtée de partir pour l’épouser, si toutefois il voulait bien lui faire ce grand honneur.

Albine était majeure, avait son argent à elle, les trois cent mille zlotis qu’un oncle avait laissés à ses deux nièces. Aussi rien ne pouvait la retenir.

En novembre 1834, Albine fit ses adieux à tous ses familiers qui la conduisirent les larmes aux yeux comme si elle devait mourir dans la lointaine et barbare Moscovie. Elle monta dans la vieille voiture paternelle qu’on avait disposée pour le grand voyage, en compagnie de sa fidèle nourrice Louise.