Page:Tolstoï - Histoire d’un pauvre homme.djvu/53

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XI


Une confusion complète régna quelques minutes.

Accourus en grand nombre, tous parlaient à la fois.

Akoulina, étendue sur le plancher, ne revenait toujours pas à elle.

Enfin, l’intendant, le charpentier et d’autres hommes arrivèrent ; ils montèrent au grenier et la femme du charpentier recommença pour la vingtième fois au moins son récit :

— J’étais allée chercher ma robe, ne pensant à rien d’autre… Quelle fut ma terreur quand j’aperçus un homme debout, son chapeau à côté de lui, la doublure retournée. Je vois deux pieds qui se balancent, j’ai froid dans le dos… je comprends enfin que c’est Polikei qui s’est pendu… Est-ce terrible que je sois obligée de voir un spectacle pareil ! je ne me souviens pas comment j’ai descendu les marches de l’escalier… C’est Dieu qui m’a sauvée, j’aurais pu me casser la tête.

Les hommes qui étaient montés racontèrent aussi qu’Illitch s’était pendu à la poutre, en manches de chemise et en pantalon, avec la corde qu’il avait prise au berceau de son enfant. Son chapeau, la doublure