Page:Tolstoï - Histoire d’un pauvre homme.djvu/54

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retournée, se trouvait à côté de lui, la pelisse et le cafetan pliés soigneusement étaient sur une poutre ; les pieds touchaient la terre. Il ne donnait plus le moindre signe de vie.

Revenue à elle, Akoulina s’élança sur l’escalier ; mais on ne lui permit pas de le gravir.

— Maman, Semka est toujours dans le bain, dit la petite Machka, il a l’air d’avoir bien froid.

Akoulina courut précipitamment dans son coin. L’enfant était étendu dans le baquet, ses petits pieds étaient complètement immobiles. Elle le prit dans ses bras, il ne bougeait pas ; elle le jeta sur le lit et jeta un grand éclat de rire qui retentit dans toute la maison. La petite Machka, qui se mit à rire aussi fut effrayée en voyant la figure décomposée de sa mère, et s’enfuit en criant.

La foule entrait dans le coin de Polikei.

On emporte l’enfant, on se mit à le frictionner, peine perdue, il était bien mort. Akoulina, renversée sur le lit, riait toujours et son rire remplissait d’horreur la foule.

La femme du charpentier s’adressant aux personnes qui n’avaient pas entendu son histoire, la recommençait avec de nouveaux détails. Le vieux sommelier, vêtu d’un casaquin de sa moitié, racontait comment, dans le temps, une femme s’était noyée dans l’étang.

La femme de chambre Akiouska qui avait collé l’œil à une fente dans le mur, cherchait en vain à apercevoir le corps de Polikei.

Agéfia, l’ancienne femme de chambre de Madame, réclamait une tasse de thé pour calmer ses nerfs.

Grand-mère Anna arrangeait de ses vieilles mains