Page:Tolstoï - Histoire d’un pauvre homme.djvu/70

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— Cesse donc, lui dit-il, et laisse-moi tranquille.

Il soupa en silence, fit ses prières, se lava les mains et se retira dans son petit réduit, accompagné de sa femme.

Après avoir eu une longue conversation avec elle à voix basse, il ouvrit le coffre, le referma et descendit à la cave.

Lorsqu’il rentra dans la cabane, la chandelle était consumée, une obscurité complète y régnait.

La vieille ronflait, étendue sur un banc de bois, la femme du conscrit dormait tranquillement. Doutlof la regarda, secoua la tête, fit ses prières et monta sur le poêle ou il se coucha à côté de son petit-fils.

Il ne pouvait s’endormir et se retournait sur un côté, puis sur l’autre.

La lune se leva enfin et éclaira la cabane, il put distinguer sa bru étendue par terre. Quelque chose se trouvait à côté d’elle qu’il ne pouvait bien voir. Était-ce une tonne ou quelque ustensile de ménage oublié là ? Il s’assoupit pendant quelques secondes, se leva en sursaut, regarda autour de lui d’un œil effaré.

L’esprit malin qui avait été cause de la mort d’Illitch semblait se promener dans le village et vouloir venir se loger dans la cabane où se trouvait la lettre fatale.

Doutlof terrifié sentait sa présence.

En apercevant l’objet qu’il ne pouvait bien distinguer, il pensa à Iliouchka, les mains attachées derrière le dos, à sa jeune femme, à Illitch pendu au grenier…

Tout à coup, il lui sembla que quelqu’un passait devant la fenêtre.

— Qu’est-ce que cela, peut être ? se demanda-t-il, est-ce le bailli qui vient réclamer sa part… Comment