Page:Tolstoï - Histoire d’un pauvre homme.djvu/71

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a-t-il pu ouvrir ? continua-t-il en entendant des pas dans l’antichambre. La vieille n’aura pas fermé le loquet.

Un chien se mit à hurler dans la cour, et LUI comme le racontait après le vieux, il avançait toujours à pas lents, comme s’IL cherchait la porte, tâtant le mur avec la main. Il s’accrocha au tonneau d’eau qui se trouvait dans un coin et manqua le verser.

Et de nouveau, Il se remit à fouiller en cherchant la porte.

Une sueur froide couvrit la figure du vieux Doutlof.

La porte s’ouvrit enfin et il entra ayant pris la forme humaine.

Doutlof savait bien que c’était Lui. Il voulut faire le signe de la croix, mais il ne put lever le bras. Il s’approcha de la table couverte d’une nappe et la jeta par terre : puis Il se mit à grimper sur le poêle. Le vieux vit qu’il avait pris la forme d’Illitch. Les mains pendant le long du corps, il souriait en le regardant. Une fois sur le poêle, il se coucha sur le vieux et se mit à l’étouffer.

— C’est mon argent, disait-il.

— Laisse-moi, je t’en prie, voulait dire le vieux, mais il ne pouvait desserrer les dents.

Le poids d’Illitch lui semblait une montagne de pierre. Le vieux n’en pouvait plus.

Il savait qu’il suffisait de réciter une certaine prière pour qu’Il disparaisse, mais il ne pouvait proférer une parole.

Dans sa lutte avec l’Esprit Malin, il avait serré son petit-fils contre le mur, l’enfant pleurait et se débat-