Page:Tolstoï - Imitations.djvu/131

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En somme, sa prospérité incessante, loin de le rendre heureux, augmentait ses transes. Sa famille, ses amis étaient des ennemis. Les joies les plus communes : bonne chère, sommeil, ces joies même lui manquaient. Il voyait partout pièges et conspirations.

Trophime vécut ainsi plus de dix ans encore. Ses manies étaient connues de tous, mais tous ignoraient ses souffrances ; et elles étaient grandes. Il n’ignorait pas que la peur empoisonnait sa vie, mais sa plus grande souffrance était de ne pouvoir s’en affranchir. Cependant ce qu’il redoutait était tout proche.

Rentrant un jour de la messe, Trophime déjeuna dans sa chambre, but du vin qu’il gardait avec tant de soin, se coucha et ne se réveilla plus.