Page:Tolstoï - Imitations.djvu/237

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tre lui et moi ; que si l’un de nous est tué, lui ou moi, c’est la même chose ! Cette pensée m’anéantit ! Comprenez-vous ce qu’il y a d’horrible à songer qu’un déguenillé quelconque me tuera, moi l’homme qui pense, qui sent, et que ce sera la même chose que s’il tuait Bondarenko, brute que rien ne distingue de l’animal ? Et ce sera moi justement qu’on tuera et non lui, parce que c’est toujours ainsi, parce que c’est fatal pour tout ce qui est bon et élevé. Je sais qu’ils m’appellent lâche. Soit, lâche ! Je suis lâche en effet et ne puis être autrement. Non seulement je suis lâche, mais, d’après eux, je suis encore un mendiant, un être méprisable. Ainsi, je viens de vous mendier de l’argent et vous avez le droit de me mépriser. Eh bien, non ! reprenez-le (et il me tendit