Page:Tolstoï - Imitations.djvu/236

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— Pourquoi désespérer ? dis-je.

— Parce que je suis un misérable. Cette vie m’a avili. Tout ce que j’avais de bon est mort en moi. Aujourd’hui je me soumets, mais sans fierté, lâchement. Je n’ai plus de dignité dans le malheur. On m’humilie à chaque instant. Je supporte tout. Je vais moi-même au devant des humiliations. Cette boue a déteint sur moi. Je suis devenu grossier comme les autres. J’ai oublié ce que je savais. Je ne peux plus parler français. Je sens que je suis vil et bas. Je n’ai plus le courage de me battre dans ces conditions, et peut-être aurais-je été un héros ! Qu’on me donne un régiment, des épaulettes d’or, des clairons, au lieu de m’accoupler à quelque sauvage Bondarenko ou autre !… Et penser qu’il n’y a aucune différence en-