Page:Tolstoï - Katia.djvu/115

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m’en coûte, j’essayerai de vous donner des explications ; — et en achevant ces mots, il fronça le sourcil, comme s’il eût ressenti quelque douleur physique.

— Allons ! dis-je.

— Figurez-vous qu’il y avait un monsieur, mettons qu’il s’appelait A, vieux et fatigué de la vie, et une madame B, jeune, heureuse et ne connaissant encore ni le monde ni la vie. Par suite de diverses relations de famille, il l’aimait comme une fille et ne redoutait pas d’en venir à l’aimer autrement.

Il se tut et je ne l’interrompis pas.

— Mais, poursuivit-il tout à coup d’une voix brave et résolue et sans me regarder, il avait oublié que B était jeune, que la vie n’était encore pour elle qu’un jeu, qu’il pouvait arriver facilement qu’il l’aimât, et que B pouvait