Page:Tolstoï - Katia.djvu/155

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tribution des verres et des tasses, me troublèrent longtemps. Il me semblait toujours que je n’étais pas digne encore de ces honneurs, que j’étais trop jeune, trop étourdie, pour tourner le robinet d’un si grand samovar, pour poser un verre sur le plateau de Nikita et ajouter : « pour Pierre Ivanovitch, pour Marie Minichna », en leur demandant : « Est-ce assez sucré ? » puis laisser des morceaux de sucre pour la vieille bonne et les autres anciens serviteurs. « Parfait, parfait, disait souvent mon mari ; tout à fait une grande personne ! » et cela ne faisait que m’intimider plus encore.

Après le thé, maman étalait une patience ou se faisait tirer les cartes par Marie Minichna ; puis elle nous embrassait tous deux en nous bénissant, et nous rentrions dans notre intérieur. La plupart du temps, cependant, nous y