prolongions la veillée en tête à tête jusqu’au delà de minuit, et c’était notre temps le meilleur et le plus agréable. Il me racontait son passé, nous formions des plans, nous philosophions quelquefois et nous tâchions de dire cela sans bruit, afin de n’être pas entendus. Nous vivions, lui et moi, presque sur le pied d’étrangers dans cette grande vieille maison où pesait sur tous l’esprit sévère de l’ancien temps et de Tatiana Semenovna. Non-seulement elle-même, mais les gens aussi, les vieilles servantes, les meubles, les tableaux m’inspiraient du respect, quelque effroi, et en même temps la conscience que mon mari et moi nous n’étions point là tout à fait à notre place, et qu’il nous fallait y vivre avec circonspection. Autant que je m’en souviens aujourd’hui, cet ordre sévère et cette prodigieuse quantité de
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