Page:Tolstoï - Katia.djvu/162

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pable… Cependant, la pensée que je pouvais m’arracher à l’ennui, rien qu’en partant pour la ville, me traversait involontairement la tête ; d’un autre côté c’était l’arracher à tout ce qu’il aimait ; j’avais honte et en même temps il me coûtait que ce fût pour moi.

Le temps marchait, la neige s’accumulait de plus en plus contre les murailles de la maison, et nous étions toujours seuls et seuls encore, et toujours l’un vis-à-vis de l’autre ; tandis que là-bas, je ne sais où, dans l’éclat et le bruit, la foule s’agitait, souffrait ou s’amusait, sans penser à nous ou à notre existence disparue. Le pis de tout pour moi était de sentir que chaque jour la chaîne des habitudes rivait notre vie dans un moule précis, que notre sentiment lui-même allait entrer en servage et se soumettre à la loi monotone