Page:Tolstoï - Katia.djvu/201

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de ce que j’éprouve et que je ne puis pas ne point éprouver. Il s’arrêta, évidemment effrayé de la rude intonation de sa voix.

— Que veux-tu dire ? lui demandai-je avec des larmes d’indignation dans les yeux.

— J’ai horreur que, le prince t’ayant trouvée jolie, tu aies, après cela, voulu courir au devant de lui, oubliant ton mari, toi-même, ta dignité de femme, et que tu ne veuilles pas comprendre ce que ton mari doit ressentir à ta place, puisque tu n’as pas toi-même ce sentiment de ta dignité ; bien loin de là, tu viens déclarer à ton mari que tu veux te sacrifier, ce qui revient à dire : « Plaire à Son Altesse serait mon plus grand bonheur, mais j’en fais le sacrifice. »

Plus il parlait et plus il s’animait du son de sa propre voix, et cette voix résonnait mor-