Page:Tolstoï - Katia.djvu/272

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passé des nuits sans sommeil à penser à toi, et j’avais édifié mon propre amour, et que cet amour grandissait dans mon cœur, ainsi précisément, à Pétersbourg et à l’étranger, je dormis d’affreuses nuits, m’étudiant à briser, à détruire cet amour qui me torturait. Je ne sus pas le briser, mais je brisai du moins ce qui en lui m’avait torturé ; je me calmai, et tout de même je continuai à t’aimer, seulement d’un autre amour.

— Et tu appelles cela amour, quand ce n’était qu’un supplice, répliquai-je. Pourquoi m’as-tu permis de vivre dans le monde, s’il te paraissait si pernicieux qu’à cause de lui tu aies cessé de m’aimer ?

— Ce n’est pas le monde, mon amie, qui a été le coupable.

— Pourquoi n’as-tu pas fait usage de ton