Page:Tolstoï - Katia.djvu/79

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indifférent ne sauraient m’en ôter la conviction.

Pendant toute cette soirée, il me parla très-peu ; mais dans chacune de ses paroles, dans chacun de ses mouvements et de ses regards je sentais l’amour et je n’en conservais aucun doute. La seule chose qui me donnât du dépit et du chagrin était de voir qu’il jugeât nécessaire encore de le cacher et de feindre la froideur, quand déjà tout était si clair et quand nous aurions pu si facilement et si simplement être heureux, au delà même du possible. Mais, d’un autre côté, je me tourmentais comme d’un crime d’avoir sauté dans la cerisaie pour le rejoindre, et il me semblait toujours qu’il avait dû cesser de m’estimer et concevoir du ressentiment contre moi.