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Page:Tolstoï - L’École de Yasnaïa Poliana, 1888.djvu/102

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forme son unique capital, et c’est pourquoi, pendant tout le temps qu’il y passe, il se trouve dans un état d’irritation, de zèle fiévreux et hâtif, qui nuit le plus souvent à l’étude. Dans la période dont je parle, nous en avions trois de ce genre : l’un d’eux continue à venir encore aujourd’hui.

L’adulte se comporte, à l’école, exactement comme à un incendie : à peine a-t-il fini d’écrire, que, posant la plume d’une main, il attrape de l’autre le livre, et se met à lire debout. Lui retire-t-on le livre, il saisit l’ardoise ; quand on la lui prend, il se voit perdu. Nous eûmes, cet automne, un ouvrier qui allumait les poêles dans l’école, et qui étudiait en même temps. En deux semaines, il apprit à lire et à écrire : ce n’était pas étude chez lui, mais maladie, comme un accès d’ivresse. En traversant la classe avec du bois, il s’arrêtait et, son bois dans les bras, courbé sur la tête des enfants, il épelait :