Page:Tolstoï - L’École de Yasnaïa Poliana, 1888.djvu/118

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ques-uns le savent par cœur, et non seulement tous les écoliers le connaissent, mais il finit par ennuyer toute la famille. — Celui qui lit se décourage à écouter sa voix qui résonne seule dans le silence de la pièce ; toutes ses forces se concentrent dans l’observation des signes et des accents, et il prend l’habitude de lire sans chercher à pénétrer le sens, car il est absorbé par d’autres soucis. Ceux qui écoutent font de même, et, constamment préoccupés de tomber juste au bon endroit quand on leur dira de continuer, ils traînent machinalement leurs doigts sur les lignes, s’ennuient, et se laissent aller à des distractions étrangères. Le sens de ce qu’on leur lit, comme une chose indifférente, tantôt répugne à leur volonté, tantôt n’entre pas dans leur tête. Mais le principal inconvénient, c’est l’éternelle lutte de ruse et d’adresse entre les élèves et le maître, lutte qu’une pareille méthode développe à l’excès,