Page:Tolstoï - L’École de Yasnaïa Poliana, 1888.djvu/81

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pale condition du plaisir. En été, cela faisait toujours trembler de le voir, avec deux autres enfants, s’avancer à la nage jusqu’au milieu de l’étang, large de cinquante toises, et disparaître parfois dans l’ardent miroitement du soleil d’été, et plonger au fond, et s’allonger sur le dos en faisant jaillir des filets d’eau et en appelant d’une voix grêle les camarades sur le bord, pour leur montrer comme il était brave. À cette heure, il savait qu’il y avait des loups dans la forêt, et c’est pourquoi il voulait aller dans la défense.

Tous donnèrent leur avis, et, à quatre, nous nous dirigeâmes vers la forêt : un garçon robuste de corps et d’esprit, que j’appellerai Semka ; un garçon d’une douzaine d’années, nommé Vavilo, qui marchait en avant et d’une voix flexible et diversement modulée criait « holà ! » à tout venant ; Prognka, — maladif, doux, plein de talent, le fils d’une pauvre famille, maladif, ce semble, unique-