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Léon Tolstoi

l’État, il faut faire un grand effort pour oublier tous les sophismes compliqués à l’aide desquels, pendant quinze cents ans, partout la doctrine chrétienne fut défigurée pour la concilier avec l’État, pour expliquer la sainteté, la légitimité de l’État et sa possibilité d’être chrétien.

En réalité ces mots : « l’État chrétien », c’est la même chose que la glace chaude ou tiède. Ou il n’y a pas d’État, ou il n’y a pas de christianisme.

Pour le bien comprendre il faut oublier toutes ces fantaisies qu’on nous enseigne avec tant de soins, et demander nettement la signification de ces sciences historiques et juridiques qu’on nous enseigne. Ces sciences n’ont aucune base, toutes ne sont rien que l’apologie de la violence.

Passant l’histoire des Perses, des Mèdes, etc., arrêtons-nous à l’histoire de cet État qui le premier conclut alliance avec le christianisme.

À Rome il y avait un nid de brigands, il s’agrandit par le pillage, la violence, le meurtre ; il conquit tous les peuples. Les brigands et leurs descendants, avec des chefs appelés ou César ou Auguste, pillaient et torturaient les peuples pour la satisfaction de leurs plaisirs. Un des héritiers de ces chefs de brigands, Constantin, après avoir lu beaucoup de

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