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l’église et l’état

livres et s’être rassasié de la vie de débauches, préféra quelques dogmes du christianisme aux anciennes croyances : aux victimes humaines il préféra la messe, à l’adoration d’Apollon, de Vénus et de Zeus, il préféra celle du Dieu unique et de son fils Christ, et il ordonna d’introduire cette religion parmi ceux qu’il tenait en son pouvoir.

« Les rois règnent sur les peuples, et parmi vous qu’il n’en soit pas ainsi. Ne tue point, ne commets pas l’adultère, n’aie pas de richesses, ne juge pas, ne condamne pas, souffre le mal. » Personne ne lui dit cela. Mais on lui dit : « Tu veux t’appeler chrétien et continuer d’être chef de brigands : battre, incendier, faire la guerre, vivre dans la débauche et le luxe ? C’est bien. » Et on lui installe le christianisme même plus aisément qu’on ne pouvait s’y attendre. Ils ont prévu qu’après avoir lu l’évangile il pourrait se ressaisir, que là, on exige la vie chrétienne et non la construction des temples et leur fréquentation. Ils ont pensé cela, et, avec soin, ils lui ont arrangé tel christianisme qu’il pouvait, sans se gêner, vivre en païen, comme avant. D’un côté, Christ, fils de Dieu, ne venait que pour le racheter et racheter tous. C’est pourquoi Christ est mort ; c’est pourquoi Constantin peut vivre comme

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