Page:Tolstoï - La Famine, 1893.djvu/115

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Les gens de notre société font croire à eux-mêmes et aux autres qu’ils sont excessivement préoccupés du sort du peuple et expriment cette préoccupation en se reprochant les uns aux autres le manque de sympathie à l’égard du frère cadet. « Il y a trente ans que je reproche aux gens leur manque d’amour pour le peuple, quelles preuves faut-il encore de mon amour pour lui ? » Mais tout cela est un mensonge. L’amour du peuple n’existe pas dans notre société et ne peut y exister.

Entre un homme de notre classe aisée, d’un côté, — un monsieur habillé d’une chemise empesée, un fonctionnaire, un propriétaire terrien, un commerçant, un officier, un savant, un artiste, — et un paysan, de l’autre, il n’existe qu’un seul lien : celui