Page:Tolstoï - La Famine, 1893.djvu/119

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pointements ou comme pension, c’est-à-dire plus on prendra au peuple, mieux cela vaudra pour moi, dit le fonctionnaire. Plus on vendra cher au peuple le pain et les autres produits nécessaires, c’est-à-dire plus il se trouvera dans l’embarras, mieux cela vaudra pour moi, dit le commerçant ou le propriétaire terrien. Plus la guerre durera, plus je gagnerai, dit le fabricant. Moins le travail sera payé, c’est-à-dire plus le peuple sera pauvre, mieux cela vaudra pour moi, disent tous les gens des classes aisées. Quelle sympathie pouvons-nous alors avoir pour le peuple ? Entre nous et le peuple il n’y a d’autre lien qu’un lien d’animosité, un lien entre le maître et l’esclave. Plus ma situation est bonne, plus la sienne est dure, et inversement.