Page:Tolstoï - La Famine, 1893.djvu/145

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autant que je l’ai observé, le considère même comme honteux. Voici la lettre touchante que j’ai reçue d’un de mes amis, conseiller municipal et habitant continuel de la campagne.

« Six asiles d’orphelins sont ouverts depuis dix jours seulement et deux cents personnes s’y nourrissent déjà. Celui qui dirige ces réfectoires est déjà forcé, suivant l’avis du staroste, de faire un choix dans son public, tellement le nombre de nécessiteux est grand. Les familles des paysans ne se nourrissent pas en entier, mais chaque famille présente ses candidats, presque exclusivement des vieilles femmes et des enfants. Ainsi, par exemple, dans le village de Pachkovo, un père de six enfants a prié de laisser manger deux d’entre eux et, au bout