Page:Tolstoï - La Famine, 1893.djvu/171

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Le désastre de cette année n’est pas seulement dans le manque de pain : il est dans le manque, non moins considérable, de toutes ressources, et aussi dans le manque total du travail, et, par suite, dans l’oisiveté forcée de plusieurs millions d’hommes.

Si le pain nécessaire pour nourrir la population est sous la main, c’est-à-dire s’il peut être apporté dans la localité où on en a besoin pour un prix plus ou moins accessible, le peuple souffrant de la faim pourrait gagner lui-même ce pain, à condition qu’il ait la possibilité de travailler, qu’il possède les matériaux nécessaires et des débouchés pour les produits de son travail. Au contraire, s’il se trouve privé de cette possibilité, des centaines de millions seront dépensés pour des secours gratuits sans