Page:Tolstoï - La Famine, 1893.djvu/267

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optique est pour ainsi dire faussée, et que nous sommes incapables de dire si leur état s’est encore aggravé.

Si un citadin venait au village pendant la saison froide et qu’il pénétrât dans la chaumière d’un paysan, le spectacle qu’il aurait devant les yeux serait bien fait pour l’effrayer : la pièce à peine chauffée la veille et glacée aujourd’hui, les habitants se nichant à tour de rôle dans l’intérieur du gros poêle russe pour y chercher un peu de chaleur, le toit dont le chaume a disparu pour servir de combustible, l’auvent brûlé également, le pain grossier dans la fabrication duquel la farine et le son entrent pour moitié, les gens enfin contraints de rester chez eux, faute de vêtements. Pour nous autres campagnards, ce sont là choses