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Page:Tolstoï - La Famine, 1893.djvu/79

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de bœufs, il faut, pendant les deux cents jours de l’hiver, telle ou telle quantité de foin, de paille, de marc d’eau-de-vie. Une fois cette quantité préparée, et les bœufs mis à l’étable, on peut être sûr qu’ils passeront l’hiver. Mais le calcul est tout autre quand il s’agit des hommes. D’abord, pour un bœuf, comme pour toute autre bête, le minimum et le maximum de la nourriture nécessaire sont très peu éloignés l’un de l’autre. Une fois la quantité nécessaire de nourriture absorbée, la bête cesse de manger et n’a plus besoin de rien ; si, d’un autre côté, elle ne mange pas la quantité qu’il lui faut, elle tombe bientôt malade et meurt. Au contraire, pour l’homme, la distance entre le maximum et le minimum de ses exigences — non seulement pour la nourriture, mais