Page:Tolstoï - La Foi universelle.djvu/178

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l’instinct. Tandis que le moyen de la connaissance humaine est la raison. L’abeille qui butine ne doute pas un instant s’il est bon ou mauvais de faire provision de miel. À l’homme, au contraire, en moissonnant ou en cueillant des fruits, il est impossible de ne pas se demander s’il ne nuira pas à la croissance future du blé ou des fruits et s’il ne privera pas ainsi son prochain de sa nourriture. Il lui est impossible également de ne pas songer à ce que deviendront les enfants qu’il nourrit, et de ne pas se poser bien d’autres questions. Il ne saurait résoudre définitivement les plus importantes questions de sa ligne de conduite, à cause de la multiplicité des conséquences qui peuvent s’en suivre.

Tout homme doué de raison sent, s’il ne le sait pas pertinemment, que, dans les questions vitales, il lui est impossible de se guider par des motifs égoïstes ni par des considérations sur les conséquences immédiates de ses actes parce que celles-ci sont trop nombreuses et souvent contradictoires, c’est-à-dire peuvent être bonnes ou mauvaises