Page:Tolstoï - La Foi universelle.djvu/179

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pour lui ou pour les autres. Je rappellerai à ce propos la légende d’après laquelle un ange apparut au milieu d’une famille pieuse et tua l’enfant dans son berceau. Lorsqu’on lui demanda la raison de cet acte cruel, il répondit que l’enfant aurait été le plus grand des criminels, et aurait causé le malheur de la famille.

Non seulement on ne saurait décider de l’utilité ou de la nocivité de la vie de tel ou tel homme, mais les questions les plus vitales ne peuvent être résolues par des considérations sur leurs conséquences possibles. Tout homme sensé ne saurait se contenter des considérations qui guident les actes des animaux. Il peut se considérer comme un animal parmi les animaux, vivant au jour le jour ; il peut se considérer comme membre de la famille, de la société, du peuple, dont la vie dure des siècles, mais il doit aussi se considérer comme une parcelle de l’univers infini, dont la vie est infinie. C’est pourquoi il doit procéder à l’égard des phénomènes vitaux, infiniment petits, mais pouvant influer sur ses actes, en intégrant,